CHAPITRE IX - ANNEES D’OR ET REGROUPEMENTS

 

Après les dures années de l’après-guerre, après les privations (l’Angleterre connut un rationnement beaucoup plus dur qu‘en France), vint enfin l’âge d’or de l’économie européenne : les années soixante. Certes, la Grande Bretagne allait encore souffrir des conséquences économiques et financières de la guerre, du démantèlement de son Empire, mais avec les gains de productivité causés par les techniques nouvelles issues du conflit et avec l’apparition de nouveaux produits, s’installa une période de prospérité probablement sans précédent dans l’Histoire. Le niveau de vie s’accrut considérablement et l’on parla pour la première fois de « société de consommation ». Dans cette conjoncture favorable et poussées par un phénomène de mode pour tout ce qui était anglo-américain, les ventes de scotch connurent une expansion considérable.

 

De nouvelles distilleries virent le jour : Tormore en 1958, Tamnavulin en 1960, Auchroisk en 1974, entre autres... De plus, presque toutes les anciennes furent modernisées dans les années soixante ou le début des années soixante-dix. C’était un paradoxe surprenant, alors que presque toutes les industries britanniques perdaient pied dans la course à l’innovation et se repliaient sur elles-mêmes, de voir l’industrie et le commerce du scotch se développer rapidement et maintenir ainsi les exportations britanniques à un niveau acceptable.

 

Ceci fut possible en partie grâce à la concentration des capitaux qui atteignit alors son apogée dans la branche des spiritueux. Les grandes compagnies, United Distillers, Seagram, Allied, Invergordon, etc.… rachetèrent les distilleries les unes après les autres.

 

En 1963, pour survivre et garder son indépendance, la famille GRANT (William Grant ans Sons) lança sur le marché international son single malt « Glenfiddich » avec le succès que l’on sait.

 

Le Royaume Uni connaissait pourtant une crise économique grave, contrastant avec la prospérité renaissante du reste de l’Europe. Essoufflée par son effort de guerre, minée par un climat social très tendu, engourdie par une victoire trop chèrement acquise et faussement sécurisante, l’Angleterre ne pouvait plus suivre les autres grands pays et sombrait dans le marasme... C’est alors que ce pays fut sauvé par deux liquides tous deux d’origine écossaise : le pétrole et le whisky !...

 

En 1949, le volume de whisky exporté (en équivalent d’alcool pur) était de 22 millions de litres représentant un chiffre d’affaires de 18.74 millions de livres sterling. Dix ans plus tard, en 1959, ces mêmes exportations passaient à plus de 56 millions de litres et 61.85 millions de livres. En 1969, 136 millions de litres furent exportés rapportant 167.49 millions de livres à l’économie britannique. Enfin en 1978, plus de 274 millions de litres furent vendus hors du Royaume-Uni, représentant une manne financière de 661.22 millions de livres sterling pour le pays !...