CHAPITRE 5 - LE SCOTCH REMIS A L’HONNEUR

 

Depuis des décennies, tout ce qui était écossais n’était vraiment pas en odeur de sainteté auprès des Anglais. Ceci était particulièrement vrai depuis la révolte jacobite de 1745. La répression britannique avait été particulièrement dure et acharnée. Tout ce qui avait trait à la culture écossaise avait été prohibé. Les Anglais et les habitants des Lowlands considéraient les Highlanders avec un mépris et une hostilité non déguisée. Le port du costume national avait été proscrit et il était interdit de parler le gaélique en public. La haine des Anglais est tenace et tout ce qui se trouvait au nord de la Tweed pour les uns, ou de la Clyde pour les autres, passait pour un pays de sauvages dont les habitants étaient un peu moins bien considérés que les animaux ! ...

 

Si l’on retrouve encore aujourd’hui des traces fréquentes de cet antagonisme, il est certain toutefois qu’un homme fit beaucoup pour améliorer les choses. Au début du XIXème siècle, une mode littéraire et artistique envahit l’Europe : le Romantisme. Le monde commença à redécouvrir ses racines et notamment la période médiévale, jusque-là fort injustement méprisée. Parmi les auteurs à la mode, un écrivain a joué un rôle particulièrement important pour l’Ecosse : il s’agit de Walter SCOTT, dont les ballades et les romans historiques dont il fut l’initiateur, connurent un immense et universel succès. Ecossais lui-même, il sut si bien chanter son pays, son histoire et ses légendes qu’il créa un véritable phénomène de mode dont l’Ecosse bénéficia grandement. Ses livres furent appréciés de tous, y compris de l’aristocratie anglaise et de la famille régnante.

 

En 1820, le roi George IV fit un voyage officiel à Edimbourg. Il était le premier souverain britannique à visiter l’Ecosse depuis 1633 ! ...

 

Sir Walter SCOTT accueillit lui-même le roi qui, pour honorer son hôte et ses sujets revêtit, nouveauté inouïe, le tartan des STUART ! ...Autre innovation, George IV répondit aux discours de bienvenue des notables d’Edimbourg en portant un toast avec du whisky dans le quaich traditionnel que lui offrait Sir Walter ! Celui-ci avait invité tous les chefs de clans qui assistèrent à la cérémonie également vêtus de leurs costumes traditionnels. L’Angleterre pardonnait enfin à ses vieux ennemis...

 

Cette attitude nouvelle ne fut certainement pas étrangère au vote par le Parlement de Londres de l’Excise Act en 1823.

 

Outre les mesures dont nous avons parlé, la loi autorisa les petits alambics et divisa par deux les droits d’accise, avec un rabais supplémentaire pour le pur malt afin de réduire le surcroît de coût de l’orge maltée. Le prix de la licence fut fixé à dix livres sterling.

 

Dès lors, le whisky produit dans les distilleries fut de bien meilleure qualité et fut même vendu à un prix inférieur aux alcools de contrebande.

 

Cette véritable renaissance du whisky fut accélérée par la Révolution Industrielle...